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En 1996 alors que je suis des études universitaires, mon travail s’oriente vers l'écriture spontanée.

Après avoir réalisé plusieurs dessins sur ce thème, je réalise trois toiles noires de 200 x 300 cm où l'on peut voir se mêler des phrases écrites en miroir et des figures. Des figures proches de la statuaire africaine. J'abandonne très rapidement les écritures et garde uniquement les figures que je peins à l'huile sur une cinquantaine de petites toiles. Ce fut mes premières peintures d'inspiration africaine.

     Bien que je n'y sois jamais allée, l'Afrique m'inspire et devient mon thème principal. Cet attirance pour ce continent a pu être déclenchée par une rencontre. En effet, très jeune j'ai été touchée par la beauté d'un petit garçon à la peau noire venu dans notre classe mais reparti trop vite. Ma peinture en a été profondément marquée. Mon intérêt pour l'art africain va alors s’aiguiser.

     La découverte de la statuaire africaine me fait abandonner la peinture à l'huile au profit de l'acrylique et du collage. Je peins deux autres toiles préalablement recouvertes de papier craft. Le motif est rehaussé de corde. Insatisfaite par ce type de papier, je cherche à le remplacer. Un matin, en prenant mon café, je réalise que j'ai sous les yeux et dans la main une matière qui me semble fort intéressante : le filtre à café usagé.

     Le fond de papier craft cède alors sa place au fond de filtres à café usagés sur lequel je peins tout d'abord à l'acrylique puis avec des bases de café.

Des matériaux divers entrent progressivement dans ma peinture et lui donne une autre dimension.

     La couleur, quant à elle, s'intègre sans jamais s'imposer. D'abord très peu présente (camaïeu de bruns), elle entre progressivement dans la peinture.

Elle se fait blanche, rouge, ou bleue... Elle reste parfois discrète sous forme de points. Elle se fait aussi lumière quand elle se fait blanche.

     Après avoir travaillé le masque et la statuaire africaine, mon travail s'oriente vers le portrait. Mes rencontres vont en quelque sorte humaniser ma peinture. Ces visages peins n'appartiennent pas à des individus existants mais ils sont ceux de personnes que j'imagine. Des personnes de plus en plus expressives et surtout de plus en plus fières, parées de bijoux et de peintures corporelles qui les rendent encore plus belles.

Des motifs géométriques blancs, bleus ou rouges quittent parfois les visages pour envahir les fonds.

     Les peintures dites "blanches" de couleur brune au départ s'habillent aujourd'hui de blanc. La corde de lin parcourt la toile en toute liberté, créant des figures, des symboles, une histoire. Influencée aujourd'hui par le bogolan (tissu africain) ces peintures s'orientent vers l'abstraction. La composition est alors plus équilibrée et toujours aussi spontanée.

     En constante évolution, ma peinture passe par la statuaire le portrait, la peinture spontanée, l'abstraction, la représentation biblique, le tissu, le clair obscur, et tous se nourrissent l'un de l'autre. Peindre rapidement sans faire de croquis au préalable, directement sur la toile afin de garder un maximum de spontanéité.

     Ma démarche consiste aujourd'hui à sublimer une Afrique. Une Afrique fière, tournée vers elle même. Je ne veux pas peindre des ethnies particulières mais une Afrique, celle que j'imagine, que je perçois comme étant belle et profonde. Mon Afrique se veut réunie et cohérente.

Pourquoi ne pas rendre ce que je prends ?

Ma peinture se veut solidaire en soutenant certaines associations françaises comme AVEC ET POUR LE MALI.